------Volume 2------Third issue

Thaumaturgie et médication pratiquée par les faqih-soufis en milieu rural, l’exemple du Kitab ar-rahma fi a-tib wa-l-hikma

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Pour beaucoup de gens, la médecine par les plantes (phytothérapie) est une façon « alternative »  de se soigner en cas de toux ou rhume persistant, mais pas pour des maladies graves. Pour le chercheur Johannes Mayer, spécialiste de l’Histoire de la médecine, c’est beaucoup plus sérieux : d’après lui, les remèdes à base de plantes consignés dans les manuscrits médiévaux pourraient être une source d’inspiration pour des soins modernes et très efficaces, même contre les cancers. Il n’est visiblement pas seul, car son travail a attiré l’attention du géant pharmaceutique GlaxoSmithKline[1]. Au cours des 30 dernières années, les membres du groupe Johannes Mayer, à l’université de Würzburg, ont parcouru les manuscrits des monastères remontant jusqu’au VIIIe siècle, les ont traduits et ont extrait et publié les informations concernant les remèdes à base de plantes et les maladies que ceux-ci devaient soigner. Un laboratoire de recherche a été ouvert à l’université pour passer de la recherche historique à la recherche de remèdes modernes issus des connaissances médiévales.

En plus de la phytothérapie (médecine traditionnelle), une nouvelle branche de médication a vu le jour à partir du saint Coran pour se développer avec le temps et plus particulièrement en milieu populaire et chez les ruraux. Une science occulte était née. Cette pratique, accessible aux seuls initiés fut l’un des outils du pouvoir symbolique de certains shaykh-s soufis en milieu rural.

Ce sont : Les vertus d’al-basmalah, les propriétés de Ayat al-Kursî (al-Baqara,II, 255), comme protection contre toutes sortes de sorcellerie. Mais si al-Bûnî proclame qu’avec l’aide d’Allah, et par l’emploi des lettres qui rappellent ou symbolisent Ses grands Noms, on peut réaliser des talismans valables, Ibn Khaldûn rappelle que cet usage est un péché. Or quand on fouille dans la bibliothèque de la zawiya du shaykh al-faqih al-soufî Ahmad Tlili on trouve kitab al-rahma fî al-tib wa-l-hikma qui n’est autre qu’une opérationnalisation de ce qu’al-Bûnî considère comme la voix royale vers la guérison des maux.

[1] Susan Watt et Eleanor Hayes, « La médecine monastique : herbes médiévales et sciences modernes », http://www.scienceinschool.org/2013/issue27/monastic/french.

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